« Il faut pondérer… »

L’affaire Baupin a animé les médias toute la semaine. Et la maison tout le week-end.

En féministe convaincue, j’y vais de ma tirade pendant le déjeuner dominical, entre les radis et le poulet rôti :

– « Ces 17 femmes ministres qui prennent la plume dans le JDD, c’est courageux, ça va aider d’autre femmes à parler de ce qu’elles subissent au quotidien, tous ces gestes déplacés, ces blagues sexistes, et cette société macho, et blablabla et blablabla… ».

Bref, Baupin est un gros dégueulasse.

Je suis chaude sur le sujet. Ça me fait du bien de sortir ce que j’ai sur le cœur après plusieurs jours où j’ai assisté, en spectatrice et auditrice, à de multiples récits écœurants.

Je me croyais, sous mon toit et entourée des miens, à l’abri de devoir argumenter ce qui me semble, année après année comme une évidence : le droit des femmes à trouver leur place dans la société.

Quand tout à coup mon cher mari, si tendre et attentionné, m’interpelle :

– « J’entends ce que tu dis, mais il faut pondérer quand même, je… ».

Pondérer ?! Pondérer !!!

– « Pondérer quand ta fille, ta mère, ta sœur, ta femme (moi !) subissent un harcèlement, ou pire, une agression sexuelle, parce qu’elles sont provocantes, qu’elles portent une mini-jupe, qu’elles sont coiffées et maquillées, qu’elles sont drôles, voire pleines d’esprit ?!!! ».

Pondérer quoi au juste ?

Je ne pondère pas, moi, le fait que je t’aime, mon amour, malgré ces monumentales divergences d’opinion.

Je crois que c’est clair : je suis féministe parce que mon mari ne l’est pas.

O.

Et vous, à cause de qui vous êtes féministe ?